Le coin du dirigeant

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25/03/2024

Modalités de paiement de l'impôt : un choix (ir)révocable ?

Au décès d'une personne, dans certaines hypothèses, ses héritiers peuvent choisir de différer le paiement des droits de succession dus et ainsi, devoir s'acquitter (ou non) d'intérêts au profit du Trésor. Sauf qu'une fois qu'un choix a été effectué, l'administration fiscale ne semble pas apprécier les volte-face… Cas vécu.

Paiement des droits de succession : choisir, c'est renoncer…

Un homme décède, laissant pour lui succéder son épouse et leurs 2 fils. Pour rappel, lorsque les enfants sont tous communs au couple, le conjoint survivant a le droit de choisir entre :

  • l'usufruit de la totalité de la succession, laissant aux enfants la nue-propriété ;
  • un quart de la succession en pleine propriété.

Une personne ayant la pleine propriété d'un bien a le droit de l'utiliser, le louer, le détruire, le modifier, le vendre ou le donner. Quant à l'usufruit, il s'agit, schématiquement, des droits de profiter du bien et d'en tirer des fruits (les loyers notamment lorsqu'il est placé en location).

Dans cette affaire, l'épouse survivante choisit l'usufruit de la succession. Ces fils se partagent donc la nue-propriété. Se pose alors pour eux la question du paiement des droits de succession.

Pourquoi ? Parce qu'ils ont la possibilité d'aménager le paiement de l'impôt. Concrètement, ils ont le choix entre :

  • 1re option : payer des droits de succession calculés sur la valeur de la nue-propriété, avec application d'intérêts ;
  • 2e option : payer des droits de succession calculés sur la valeur de la pleine propriété, sans intérêt.

Les 2 fils choisissent la 2e option, ce que l'administration fiscale accepte… avant de changer d'avis ! Ils demandent, finalement, à bénéficier de la 1re option.

Ce que l'administration refuse : les 2 frères ont déjà fait un choix et il est irrévocable !

« Non ! », contestent les fils : la loi n'indique nulle part que le choix entre les 2 modalités de paiement est irrévocable !

« Irrévocable », confirme pourtant le juge, qui précise que cette règle n'est pas un avantage fiscal, mais une modalité de paiement de l'impôt. Par conséquent, ayant déjà fait un choix, les 2 fils ne peuvent pas changer d'avis !

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20/03/2024

Tests génétiques : quand une entreprise en sait plus sur vous qu'elle ne le dit

Les offres de tests génétiques vendus sur internet se multiplient et gagnent en popularité. Mais derrière les promesses commerciales qui sont faites, la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) attire l'attention des consommateurs sur les risques que ces tests peuvent représenter…


Tests génétiques : savoir d'où on vient, mais pas où on va…

De plus en plus de personnes achètent les services de société qui leur promettent de pouvoir retracer leur généalogie ou leurs origines ethniques par le biais de tests génétiques.

Pour se faire, elles commandent sur internet un kit de prélèvement grâce auquel elles pourront fournir à l'entreprise un échantillon de leur ADN. Une fois cet échantillon analysé, les clients reçoivent un dossier avec leurs résultats.

Cependant, comme le souligne la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL), derrière l'aspect « récréatif » de ces tests génétiques se cachent également des enjeux de grande importance que les clients de ces entreprises ne devraient pas ignorer.

Comme le rappelle la CNIL, en France, les tests génétiques ne sont possibles que dans des cas limités, à savoir :

  • les enquêtes judiciaires ;
  • les prises en charge médicales ;
  • la recherche.

Il faut donc comprendre qu'en achetant ces tests récréatifs, les clients envoient nécessairement leurs données génétiques vers des pays étrangers.

Des données qui disent, sur les personnes concernées et sur leurs proches, bien plus que ce que l'on peut s'imaginer de prime abord. Les entreprises qui reçoivent ces données peuvent ainsi en apprendre beaucoup concernant les origines de leurs clients, mais également leur état de santé.

De quoi se constituer des bases de données sensibles présentant une grande valeur…

Ceci combiné au fait que ces structures se situent à l'étranger, le risque de divulgation et de perte de contrôle des données est loin d'être négligeable.

C'est pourquoi la CNIL rappelle qu'en cas de manquements, elle peut infliger des amendes à ces sociétés, quand bien même elles ne sont pas françaises.

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18/03/2024

PACS : qui dit imposition commune, dit vie commune !

Parce qu'il est lié à sa compagne par un PACS, un particulier souscrit sa déclaration d'impôt en rattachant sa partenaire et leur fille à son foyer fiscal. Une imposition commune que conteste l'administration fiscale. Surprenant pour le particulier : qui dit PACS, dit imposition commune… Qu'en pense le juge ?

PACS + séparation de biens + absence de vie commune = déclaration séparée !

Parce qu'il est lié par un pacte civil de solidarité (PACS) sous le régime de la séparation de biens, un particulier, qui réside à Mayotte, souscrit sa déclaration d'impôt sur le revenu en incluant au sein du foyer fiscal sa partenaire et leur fille.

Sauf qu'au titre de la même année, cette partenaire, qui réside en métropole, dépose de son côté une déclaration d'impôt sur le revenu en tant que parent isolé.

Une situation qui interroge l'administration fiscale, qui rappelle que si les partenaires liés par un PACS doivent souscrire une déclaration d'impôt sur le revenu commune, il en va autrement lorsque, séparés de biens, ils ne vivent pas sous le même toit.

Ce qui est le cas ici, constate l'administration qui, en conséquence, considère le particulier comme célibataire sans enfant à charge. Un statut qui lui fait perdre des parts de quotient familial et qui permet à l'administration de lui réclamer un supplément d'impôt… qu'il refuse de payer.

Et pour cause ! S'ils sont bel et bien liés par un PACS sous le régime de la séparation de biens et si sa partenaire et sa fille sont restées en métropole alors que lui-même réside à Mayotte, c'est seulement pour des raisons professionnelles.

Ce qui reste à prouver, maintient l'administration : aucun élément ne permet de justifier que l'absence de communauté de vie est temporaire et serait seulement liée à l'activité professionnelle du particulier. D'autant que le PACS a finalement été dissous l'année où les déclarations litigieuses ont été déposées.

Partant de là, les deux partenaires qui étaient séparés de biens et ne vivaient pas sous le même toit devaient souscrire 2 déclarations individuelles. Ce que confirme le juge.

Sauf qu'il reste encore à régler le problème de la charge de l'enfant, souligne le particulier, qui prétend assumer :

  • les frais d'électricité et d'eau se rattachant à l'appartement qui lui appartient et dans lequel sa partenaire et leur fille vivent ;
  • le coût des travaux réalisés dans cet appartement ;
  • la redevance assainissement ;
  • les frais de demi-pension à l'école de sa fille et l'assurance civile de celle-ci.

Insuffisant, selon le juge : ces éléments ne suffisent pas à établir que le particulier assume à titre principal l'entretien de sa fille qui réside avec sa mère en métropole tandis que lui réside à Mayotte.

C'est donc à bon droit que l'administration fiscale a rectifié l'avis d'imposition du particulier en refusant le rattachement de sa fille à son foyer fiscal.

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15/03/2024

Malus écologique pour les familles nombreuses : durcissement de la règle !

Pour inciter les ménages à utiliser des véhicules plus propres, des malus sont appliqués aux voitures trop polluantes ou trop lourdes. Parce que des abattements existent (permettant de réduire le montant du malus à payer) et que le Gouvernement veut lutter contre les fraudes, la règle bénéficiant aux familles nombreuses a été durcie. Focus.

Un remboursement, mais pas tout le temps !

Pour rappel, les véhicules de tourisme peuvent faire l'objet d'un malus écologique lors de leur 1re immatriculation en France. Ce malus se compose :

  • d'une taxe calculée sur les émissions de dioxyde de carbone ;
  • d'une taxe sur la masse en ordre de marche (ce que l'on appelle le « malus au poids »).

Il existe des cas permettant d'obtenir une réduction de ces taxes, voire une exonération. Ainsi, les familles assumant la charge effective et permanente d'au moins 3 enfants peuvent, toutes conditions remplies, bénéficier des abattements suivants :

  • concernant la taxe CO2 :
    • 20 grammes par kilomètre par enfant pour les émissions de dioxyde de carbone ;
    • 1 cheval administratif par enfant pour la puissance administrative ;
  • concernant le malus au poids : 200 kilogrammes par enfant.

Ces avantages s'appliquent dans la limite d'un seul véhicule d'au moins 5 places par foyer.

En outre, ils sont limités à une fois par période de 2 ans, sauf si le véhicule est détruit ou devenu inutilisable à cause :

  • d'un accident, d'une catastrophe naturelle ou d'intempéries ;
  • d'un vol ou d'une dégradation commise par un tiers ;
  • de tout autre cas de force majeure.

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14/03/2024

Comment assurer une meilleure compréhension des refus de crédits immobiliers ?

De nombreuses personnes souhaitant acquérir un bien immobilier voient leur projet tomber à l'eau en raison d'un refus de crédit immobilier. Il arrive parfois que la raison de ce refus ne soit pas comprise. D'où la création d'un dispositif temporaire visant à mettre fin à cette incompréhension…

Refus de crédits immobiliers : des dossiers analysés une seconde fois !

Récemment, les banques ont annoncé la mise en place d'un dispositif temporaire devant assurer une meilleure compréhension des refus de crédits immobiliers.

Ce dispositif, applicable jusqu'à fin décembre 2024, est ouvert aux personnes physiques clientes de la banque concernée, qui ont établi un dossier conforme permettant l'instruction complète de leur demande de prêt, et qui ne sont pas inscrites sur les fichiers d'incidents de paiements gérés par la Banque de France.

Il est mis en œuvre à la demande du client pour les dossiers portant sur le financement de la résidence principale, d'une résidence secondaire ou d'un investissement locatif, qui rentrent dans les critères d'octroi du Haut conseil de stabilité financière (durée du crédit, taux d'effort calculé avec les conditions de crédit de la banque).

Notez également qu'il faut que le projet d'achat puisse encore être mené à terme pour que le dispositif soit activé.

Enfin, sachez que chaque établissement bancaire va déterminer lui-même les modalités d'organisation et d'information de ses clients sur la mise en œuvre de ce dispositif.

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13/03/2024

Plus-value immobilière : vente d'une résidence (in)occupée ?

Un propriétaire achète un terrain sur lequel il fait construire une maison qu'il revend 2 ans après. Parce qu'il s'agit de sa résidence principale, il prétend pouvoir bénéficier de l'exonération d'impôt sur le gain réalisé à l'occasion de cette vente. Ce que lui refuse l'administration fiscale : pourquoi ?

Plus-value exonérée = résidence principale effectivement occupée

Un propriétaire achète un terrain et y fait construire une maison qu'il revend 2 ans plus tard. Parce qu'il s'agit de sa résidence principale, il demande à être exonéré d'impôt sur le gain réalisé (plus-value) à l'occasion de cette vente.

Ce que refuse l'administration fiscale, pour une raison très simple : cette maison n'est pas et n'a jamais été sa résidence principale, selon elle…

« Faux ! », conteste le propriétaire qui soutient qu'il a occupé la maison dès l'achèvement des travaux. Et pour preuve, il fournit des factures d'eau et d'électricité, une attestation d'assurance qui confirme que cette maison était bien assurée à titre de résidence principale, ainsi qu'un contrat de prêt immobilier qui mentionne que le crédit est bien dédié à la construction d'une résidence principale.

Des documents qui ne prouvent rien, répond l'administration, et pour cause :

  • les factures fournies témoignent d'une consommation bien inférieure à celle normalement attendue d'une « résidence principale » ;
  • les déclarations de revenus du propriétaire ne mentionnaient pas l'adresse de cette « soi-disant » résidence principale pour les années litigieuses, mais celles de logements appartenant à ses parents, de sorte qu'aucune taxe d'habitation à cette adresse n'a été établie à son nom ;
  • aucun document n'atteste de la date d'achèvement des travaux de construction de la maison.

Ce qui confirme que rien n'indique que la maison vendue a été effectivement occupée à titre de résidence « principale » par le propriétaire, conclut le juge… qui lui refuse le bénéfice de l'exonération d'impôt !

Vente d'une résidence principale : toc, toc, toc… vous êtes là ? - © Copyright WebLex

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28/02/2024

Permis de conduire : se former plus facilement

En 2024, plusieurs mesures de simplification ont été adoptées pour les conducteurs français. Les mois passent, et les annonces continuent. Au programme : l'adaptation de la formation des titulaires du permis boîte automatique pour l'apprentissage de la conduite avec une boîte manuelle et le financement de certains permis grâce au compte personnel de formation (CPF). Revue de détails…


Permis de conduire : focus sur l'accessibilité et le financement des formations

Après la suppression de la perte de points pour les excès de vitesse inférieurs à 5 km/h le 1er janvier 2024 et la fin des vignettes vertes pour le 1er avril 2024, le Gouvernement continuent les annonces.

Tout d'abord, les titulaires d'un permis de conduire « boîte automatique pour raisons non médicales » (Permis B78) vont pouvoir plus facilement entamer leur apprentissage de la conduite d'un véhicule avec boîte manuelle.

Jusqu'à présent, en effet, les nouveaux titulaires d'un permis B78 devaient attendre au moins 3 mois après l'obtention de leur permis pour suivre une formation pour l'apprentissage de la conduite avec boîte manuelle.

Ce délai est supprimé. Par conséquent, il est dorénavant possible de suivre la formation, d'une durée minimale de 7 heures, dès l'obtention du permis B78.

Ensuite, plusieurs types de permis de conduire seront désormais finançables à l'aide du compte personnel de formation (CPF), dès lors que leur obtention s'inscrit dans un projet professionnel.

Depuis le 12 janvier 2024, le CPF peut ainsi être mobilisé pour financer les épreuves théoriques et pratiques des permis nécessaires à la conduite :

  • des motos légères ou puissantes ;
  • des voiturettes ;
  • des véhicules légers tractant des remorques lourdes.

Les formations disponibles sont consultables sur le site moncompteformation.gouv.fr.

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28/02/2024

Fiscalité de la location meublée touristique : pour 2023, fais ce qu'il te plait !

La loi de finances pour 2024 n'a pas épargné le secteur de la location immobilière : entre autres modifications, elle est venue abaisser le seuil de chiffre d'affaires à ne pas dépasser pour bénéficier du régime de la micro-entreprise dans le cadre de la location de meublés de tourisme, sans préciser à partir de quand ces modifications s'appliquent. C'est désormais chose faite…

Fiscalité de la location de meublés de tourisme : au choix pour 2023

Parmi les nombreuses modifications introduites, la loi de finances pour 2024 est venue réformer le régime fiscal applicable aux locations directes ou indirectes de locaux meublés de tourisme non classés.

Dans ce cadre, le seuil de chiffre d'affaires à ne pas franchir pour bénéficier du régime micro-BIC passe de 77 700 € à 15 000 €. Un coup dur pour les loueurs de tels locaux !

Ainsi, au 1er janvier 2024, le régime de la micro-entreprise est applicable sous réserve de ne pas dépasser les seuils de chiffres d'affaires hors taxes (CAHT) suivants :

  • 15 000 € de CAHT pour la location directe ou indirecte de meublés de tourisme ;
  • 77 700 € de CAHT pour les activités de prestations de service et professions libérales ;
  • 188 700 € de CAHT pour la vente de marchandises et fourniture de logement (hôtel, chambre d'hôtes...).

Pour rappel, le régime de la micro-entreprise permet, pour le calcul de l'impôt sur le revenu, d'appliquer sur le montant du chiffre d'affaires réalisé, un abattement forfaitaire, représentatif des charges d'exploitations, qui varie selon l'activité exercée.

La loi de finances pour 2024 abaisse le montant de cet abattement pour les locations directes ou indirectes de meublés de tourisme non classées passant de 50 % à 30 %. 

La loi de finances pour 2024 n'a en revanche pas précisé la date d'entrée en vigueur de ces 2 nouveautés (seuils de chiffre d'affaires et montant de l'abattement).

C'est désormais chose faite : l'administration fiscale vient de préciser que ces nouvelles dispositions s'appliquent à compter des revenus de 2023.

Une application rétroactive susceptible de poser des difficultés pour les loueurs alors contraints de reconstituer leur comptabilité pour l'année 2023 en cas de passage du régime des micro-entreprises à un régime réel d'imposition.

Dans le but de limiter les effets de cette rétroactivité, l'administration précise que les loueurs de meublés de tourisme non classés peuvent, pour les revenus de 2023, opter pour le régime antérieur à la loi de finances 2024.

Schématiquement, les loueurs pourront opter pour l'un ou l'autre de ces régimes spécialement pour l'imposition des revenus 2023 :  
 

 

Dispositions de la loi de finances pour 2024

Dispositions antérieures

Seuil de chiffres d'affaires hors taxes pour bénéficier du régime de la micro-entreprise

15 000 €

77 700 €

Montant de l'abattement

30 %

50 %

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27/02/2024

À la recherche du « maître de l'affaire » : inutile de se cacher !

La notion de « maître de l'affaire » permet à l'administration fiscale d'imposer entre les mains d'un dirigeant des revenus regardés comme lui étant distribués par la société. Comment identifier le « maître de l'affaire » ? Par un faisceau d'indices…. Illustrations.

Gérant de droit, gérant de fait = maîtres de l'affaire ?

Pour rappel, la notion de « maître de l'affaire » n'existe pas dans la loi fiscale. Cette notion a été inventée par le juge de l'impôt pour permettre à l'administration de déterminer l'identité de la personne qui contrôle effectivement l'entreprise, et ce, dans le but d'opérer les redressements fiscaux qui s'imposent.

Le maître de l'affaire est donc par principe la personne qui exerce effectivement le pouvoir de direction de l'entreprise, tant sur le plan administratif et commercial que sur le plan financier, sans aucun contrôle, c'est-à-dire sans devoir rendre compte de sa gestion à qui que ce soit.

Il n'existe pas de moyen de preuve absolu permettant de déterminer qu'un dirigeant se comporte comme un « maître de l'affaire ». Les juges ont en revanche pu dégager un faisceau d'indices au fil de leurs décisions (nombre d'actions détenues, disposition de la signature sociale, exercice de la gérance, en droit ou en fait…).

Cette notion est utilisée la plupart du temps par l'administration pour imposer entre les mains du dirigeant réel, le « maître de l'affaire », des revenus regardés comme étant distribués par la société (sommes non admises en déduction du résultat de la société, crédits bancaires non justifiés, etc.).

Le juge est venu, à de nombreuses reprises, préciser cette notion de « maître de l'affaire » notamment en confirmant qu'il ne pouvait y avoir qu'un seul et unique « maître de l'affaire ». Un dirigeant ne peut pas « se cacher » derrière l'existence d'autres associés ou d'autres détenteurs de la signature bancaire, par exemple, pour se prévaloir du fait qu'il n'est pas « seul maître de l'affaire ».

Dans une affaire récente, une société voit son résultat imposable rectifié par l'administration qui, concomitamment, taxe à titre personnel l'associé-gérant au titre des revenus distribués.

Ce que ce dernier conteste : pour que cette taxation soit possible, encore faut-il que l'administration démontre qu'il est le seul « maître de l'affaire »…

Ce qu'elle ne fait pas : il ne peut être présumé avoir appréhendé les bénéfices distribués puisqu'il partage la gestion de la société avec son frère qui détient, outre des parts sociales, une procuration sur le compte bancaire de la société et qui est impliqué dans la gestion de l'établissement, et son neveu qui assume le remplacement du gérant en son absence.

N'étant pas le seul « maître de l'affaire », le redressement fiscal personnel n'est pas justifié, selon lui…

« Faux », tranche le juge qui rappelle que s'il ne peut y avoir qu'un seul « maître de l'affaire », les éléments produits par le gérant ici ne permettent pas de prouver l'existence de plusieurs « maîtres de l'affaire ». D'autant que le gérant, outre ses fonctions de direction, est associé majoritaire, est le seul à être rémunéré au sein de la société et qu'il détient la signature sur les comptes bancaires. Le redressement est donc ici bel et bien justifié.

Par ailleurs, une personne ne peut « se cacher » derrière le fait qu'il n'est pas gérant de droit pour échapper à la qualification de « maître de l'affaire ».

C'est ce qu'illustre une autre affaire récente… A l'issue d'un contrôle fiscal, une société voit son résultat imposable rectifié par l'administration qui, concomitamment, taxe à titre personnel un particulier au titre des revenus distribués.

Pourquoi ? Parce que de nombreux indices permettent de le qualifier de « maître de l'affaire ». Ce que conteste le particulier qui rappelle que n'étant pas gérant de droit de la société, il ne peut être le « maître de l'affaire ».

Gérant de droit, non, mais gérant de fait, oui, répond l'administration pour qui d'autres éléments tendent à prouver que le particulier a bien la maîtrise de l'affaire :

  • Il signe les chèques de la société.
  • Il embauche le personnel et lui donne les adresses des chantiers.
  • Il signe des contrats de sous-traitance.
  • Le gérant de droit est analphabète et a porté plainte contre le particulier pour usurpation d'identité.

Le faisceau d'indices est suffisant pour établir la qualité de « maître de l'affaire » du particulier, tranche le juge qui confirme le redressement fiscal !

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26/02/2024

Aides pour les voitures peu polluantes : quelques nouvelles règles !

Toujours dans un objectif de décarbonation de la société, le Gouvernement a mis en place un système d'aides à l'achat et à la location de véhicules moins polluants. Ces dispositifs font une nouvelle fois l'objet d'ajustements. Revue de détails. 

Des changements de règles…

Bonus écologique pour les voitures particulières neuves et les camionnettes neuves

Les personnes morales (entreprises, sociétés, etc.) pouvaient jusqu'ici bénéficier du bonus écologique pour l'achat ou la location d'une voiture particulière. Le dispositif est à présent resserré aux seules personnes physiques.

En revanche, rien n'est modifié pour les camionnettes : les personnes morales peuvent toujours obtenir un bonus écologique.

Notez que le bonus ne concerne plus les véhicules d'occasion, mais exclusivement les modèles neufs.

Parmi les conditions pour en bénéficier, il était prévu que le véhicule (voiture ou camionnette) acquis ou loué ne devait pas être revendu ou restitué dans l'année suivant sa 1re immatriculation ni avant d'avoir parcouru au moins 6 000 km.

Cette condition est à présent durcie car l'année en question n'est plus celle suivant la 1re immatriculation mais celle suivant la date de facturation du véhicule ou du versement du 1er loyer. La condition cumulative des 6 000 km reste, quant à elle, inchangée.

Le montant des aides est modulé :

  • concernant les voitures particulières :

    • le plafond d'aide passe de 5 000 à 4 000 €

    • la majoration pour les personnes à faibles revenus est revalorisée en passant de 2 000 € à 3 000 € ;

  • concernant les camionnettes :

    • le plafond d'aide passe de 6 000 à 5 000 € pour les personnes physiques ; 

    • le plafond d'aide passe de 4 000 à 3 000 € pour les personnes morales ;

    • la majoration pour les personnes à faibles revenus est revalorisée en passant de 2 000 € à 3 000 €.

Notez que le revenu fiscal de référence par part à prendre en compte a été mis à jour, passant de 14 089 € à 15 400 €.

Bonus jeux Olympiques et Paralympiques

Les taxis transportant des personnes à mobilité réduite et des utilisateurs de fauteuils roulants peuvent bénéficier d'une aide pour acheter ou louer un véhicule répondant à ces objectifs. Le décalage de la date d'interdiction de revente ou de restitution mentionné plus haut est également applicable. Le plafond de la prime est revalorisé en passant de :

  • 16 500 € à 22 000 € pour les véhicules utilisant de l'électricité, de l'hydrogène ou une combinaison des 2 ;

  • 9 500 € à 15 000 € pour les véhicules utilisant de l'essence, du gaz naturel, du GPL, de l'éthanol ou du superéthanol, sous réserve de respect de certains plafonds en matière de pollution.

Bonus pour les vélos électriques

Les bonus « vélos électriques » sont revalorisés :

  • à 400 € maximum pour un revenu fiscal de référence par part inférieur ou égal à 7 100 € ou en cas de situation de handicap ; cette aide atteint 1 000 € pour un vélo cargo, un vélo allongé, un vélo adapté à une situation de handicap, un vélo pliant (électrique ou non), une remorque électrique ;

  • à 300 € maximum pour un revenu fiscal de référence par part compris entre 7 100 € et 15 400 € ou en cas de situation de handicap ; là encore cette aide atteint 2 000 € pour certains cycles particuliers (voir point précédent).

Notez qu'aujourd'hui les cycles d'occasion sont également concernés par ce bonus.

Prime à la conversion

La prime a la conversion est amoindrie pour l'achat d'une voiture ou d'une camionnette thermique, même parmi les moins polluantes. La prime est axée sur les véhicules électriques ou à hydrogène.

Rétrofit

C'est la grande nouveauté du mois : le bonus écologique est élargi au rétrofit visant à transformer les véhicules utilisant le gazole en véhicules partiellement électriques.

… et un grand absent …

Le leasing social permettant aux ménages modestes de louer une voiture électrique sur une longue durée pour 100 € par mois est suspendu depuis le 15 février 2024. Le Gouvernement a annoncé qu'il sera cependant reconduit en 2025.

Les personnes ayant déjà bénéficié de ce dispositif ont l'interdiction de sous-louer les véhicules concernés pendant la période de validité du contrat de location, sous peine d'une amende de 1 500 €

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23/02/2024

Garantie des vices cachés et immobilier : cas vécu…

Acheter une maison, commencer les travaux de rénovation, d'aménagement… et découvrir un gros problème qui va demander de gros travaux ! Dans ce cas, le nouveau propriétaire peut-il réclamer une indemnisation au vendeur au titre des vices cachés ? Comme souvent en droit, cela dépend de la situation et, plus particulièrement ici, du statut et de la bonne foi du vendeur. Illustration…

Garantie des vices cachés : vendeur ignorant = vendeur protégé ?

Un couple vend une maison. Quelque temps après, la nouvelle propriétaire de la maison s'aperçoit qu'une poutre de la charpente est dans un état avancé de pourrissement. Elle se retourne donc contre les vendeurs afin d'activer la garantie légale des vices cachés.

Pour rappel, cette garantie protège l'acheteur contre les défauts cachés d'un bien qui le rendent impropre à son usage ou qui en diminuent tellement la valeur que, s'il les avait connus, l'acheteur n'aurait pas fait l'acquisition, ou à un moindre prix.

Lorsque le vendeur est un particulier, comme ici, la garantie légale des vices cachés ne s'applique pas sauf s'il est prouvé qu'il avait connaissance de ce défaut. C'est précisément cet argument que va ici utiliser le couple de vendeur.

« Faux ! », rétorque la nouvelle propriétaire, pour qui le couple était forcément au courant de l'état de la poutre. Comment ? Grâce à la dégradation de la toiture de la maison par l'humidité et aux travaux entrepris avant la vente sur une partie de charpente. Autant d'éléments qui, selon la propriétaire, démontrent que les vendeurs avaient bien connaissance de cette information…

« Non ! », contestent les vendeurs qui rappellent ne pas être des professionnels de la construction. De plus, comment auraient-ils pu connaître ce vice caché alors qu'ils n'habitaient pas la maison, qu'ils avaient confié à un professionnel le soin de faire la réfection d'une pièce de la charpente et que ce dernier ne les avait pas alertés d'un quelconque pourrissement des poutres.

D'ailleurs, cette dégradation n'a été découverte qu'après que la nouvelle propriétaire fasse démonter le coffrage et retirer l'isolant qui cachait le problème…

« Vrai ! », tranche le juge en faveur des vendeurs. La nouvelle propriétaire ne peut donc pas obtenir d'indemnisation sur le terrain de cette garantie.

Garantie des vices cachés : une poutre, un coffre et de la pourriture… - © Copyright WebLex

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20/02/2024

Vente de titres de société : un abattement « renforcé » sous conditions… et sans exception ?

À la suite de la vente de ses titres, la dirigeante d'une société s'estime éligible à l'application d'un abattement renforcé sur le gain réalisé (plus-value) dégagé lors de cette opération qu'elle soumet régulièrement à l'impôt sur le revenu. Mais remplit-elle (vraiment) toutes les conditions pour bénéficier d'un tel avantage ?

Vente de titres de société et abattement renforcé : on y était presque…

La fondatrice co-associée et présidente d'une société cède la moitié de ses titres et réalise, à cette occasion, un gain (plus-value) non négligeable. Une plus-value conséquente qu'elle soumet à l'impôt sur le revenu (IR), après application d'un abattement renforcé de 85 %.

Pour mémoire, depuis le 1er janvier 2018, les plus-values enregistrées par un associé à l'occasion de la vente de ses titres de société sont soumises à l'impôt sur le revenu au titre du prélèvement forfaitaire unique (PFU), aussi appelé « flat tax », au taux unique de 12,8 % (auquel il convient d'ajouter les prélèvements sociaux au taux de 17,2 %).

Toutefois, si cela lui est plus favorable, le dirigeant peut choisir d'opter pour l'imposition au titre du barème progressif de l'IR.

Notez que si les titres vendus ont été achetés avant le 1er janvier 2018 et si le dirigeant opte pour l'imposition au titre du barème progressif, il peut bénéficier, sous conditions, d'abattements liés à la durée de détention de ses titres.

Le taux de cet abattement peut être compris entre 50 et 65 % (on parle alors d'abattement de « droit commun »), voire entre 50 et 85 % (abattement « renforcé ») en cas de vente de titres de PME de moins de 10 ans.

Ici, la vente de ses titres par la dirigeante est intervenue en 2015 : par conséquent, le PFU n'existait pas et une telle opération donnait obligatoirement lieu à l'application du barème progressif de l'IR et à l'application (éventuelle) d'abattements de droit commun ou renforcés.

Dans cette affaire, l'administration fiscale remet en cause le bénéfice de l'abattement renforcé de 85 %: elle rappelle que lorsque la société dont les titres sont cédés est une holding animatrice, le respect des conditions d'application de l'abattement renforcé s'applique tant au niveau de la holding elle-même, que de chacune de ses filiales.

Or ici, 3 des filiales de la société ne remplissent pas les conditions requises. Une situation qui fait obstacle au bénéfice de l'avantage fiscal.

Sauf que la société dont les titres sont cédés n'est pas vraiment une holding animatrice, conteste la dirigeante qui rappelle qu'elle exerce certes une activité de holding animatrice, mais surtout une activité commerciale : une activité mixte qui fait d'elle une « société opérationnelle » et non pas une « holding animatrice ».

« Faux ! », conteste l'administration : si elle exerce effectivement une activité mixte, il n'en reste pas moins que l'activité de holding animatrice constitue l'activité prépondérante de la société.

Partant de là, elle doit être regardée comme une holding animatrice pour l'application de l'abattement, et toutes ses filiales doivent remplir les conditions d'application requises pour permettre le bénéfice de l'avantage fiscal.

Sauf que la plupart des filiales de la société répondaient aux conditions, insiste la dirigeante...

« Sans incidence », tranche le juge : « toutes » les filiales de la société, sans exception, doivent remplir les conditions requises pour bénéficier de l'abattement renforcé, qui est donc inapplicable ici !

Vente de titres de société : un abattement « renforcé » sous conditions… et sans exception ? - © Copyright WebLex

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